Propos recueillis par Julie Kramer auprès de William Berton en
Décembre 2008
JK : Comment avez-vous découvert le langage des couleurs ?
WB : Tout a commencé en 1982 alors que je pratiquais l’ostéopathie. J’ai eu le flash qu’il fallait mettre une couleur sur le corps d’un patient pour le soulager d’un mal. Puis sont venues d’autres couleurs. Elles s’imposaient à moi comme des évidences, des images instantanées, vives, qu’il fallait arriver à saisir au moment où elles passaient. Au début je collais des gommettes sur la peau de mes patients. Ensuite poser des étoffes aux emplacements que mon intuition m’indiquait suffisait. Le simple fait de poser la couleur « vue » sur la zone indiquée, soulageait. Incroyable ! Je ne savais pas comment cela marchait ! J’avais surtout une clientèle de danseur, comme la troupe Béjard. Ils venaient pour des entorses, des tendinites, des douleurs. Avec les couleurs appliquées de cette façon, ils ressortaient sur pieds, et pouvaient danser le lendemain.
Faut-il avoir des qualités particulières pour voir les couleurs ?
Certaines personnes ont des facilités pour « voir », d’autres « sentir », ou « entendre ». Je ne vois pas vraiment les couleurs avec mes yeux, elles s’imposent comme une image, comme une pensée. Nous pourrions parler de perceptions subtiles extrasensorielles.
Vous avez établi une grille de correspondance entre ces couleurs et des comportements. Comment vous y êtes vous pris ? Et cette grille est-elle fiable ? Avez-vous des preuves à nous fournir ?
Après que j’ai commencé à découvrir la puissance de l’impact des couleurs sur le corps, j’ai découvert la médecine tibétaine qui fait référence aux couleurs. Elle détermine des centres énergétiques appelés CHAKRAS auxquels correspond, pour chacun, une couleur de l’arc-en-ciel. Cette piste a été déterminante et m’a poussé pour explorer le monde des couleurs, en autodidacte.
Savez-vous que le corps émet en permanence des couleurs que l’on peut voir en se mettant dans un certain état de conscience ? Pour moi ce fut une révélation. Voyant d’autres couleurs non référencées dans les ouvrages à ma disposition, je me suis mis en quête d’arriver à définir le sens précis de celles-ci. Je me suis dit que mon intuition ferait l’affaire, suivie d’une vérification sur le terrain auprès des patients examinés. Au début, lorsqu’un client venait, je me mettais en état de réceptivité pour recevoir ses couleurs. Il me fallait 20 minutes environ pour faire le vide, alors une couleur apparaissait, puis sa signification. Ensuite il me restait plus qu’à vérifier la justesse du sens en lui disant à voix haute, le sens lié à la couleur « vue ». Lorsque la personne était touchée, puis soulagée, je gardais le sens. Ce travail d’observation dura pendant 10 ans. Il m’a conduit à dresser une grille fiable de décodage de 45 couleurs, que vous trouvez dans mes ouvrages. Ensuite, j’ai eu l’idée de créer un support de cartes qui s’interroge comme un Yi King ou un Tarot. C’est ainsi qu’est né le Jeu des Couleurs en 1992, qu’aujourd’hui vous connaissez.
Alors, comment vous servez-vous du jeu des couleurs ? Y a-t-il une grande différente avec vos débuts ?
Je n’ai rien changé à mon approche d’origine. La seule chose qui diffère est la façon dont la couleur s’annonce. Que je vois la couleur intuitivement ou que je la tire intuitivement, l’intuition reste toujours présente. La couleur qui est choisie évoque quelque chose. Une fois qu’on connaît la couleur, l’étape suivante consiste à savoir l’interpréter. Il suffit de se rappeler que la couleur raconte ce que le corps vit. Et le tour est joué. Le principe est simple. Vous comprenez ?
Vous dîtes pouvoir utiliser cet outil pour aider une personne à y voir plus clair dans sa vie ? Pouvez-vous nous dire comment vous vous y prenez ?
Avec les cartes, c’est plus facile, je peux transmettre la méthode sans que les personnes soient censées « voir » les couleurs. Au début, lorsque je pratiquais en cabinet, les personnes qui venaient me voir ne me racontaient pas leurs vies. Mais avec les couleurs que leurs corps émettent, on sait tout. Il suffit ensuite de dire à voix haute ce que l’on voit pour que la personne acquiesce et se mette à aller mieux. Le facteur « mieux-être » passe par l’aptitude à entendre « ce qui ne va pas », sous la forme de confidence, afin de laisser monter des émotions. Car lorsque l’émotion sort, le mal sort aussi. Les couleurs sont un excellent moyen pour remonter à la source du mal vécu. Une fois que la personne a nommé les choses, elle ne garde plus ses émotions liées à ses maux, au dedans. Mettre des mots lui permet de mettre les émotions liées au thème souffrant (qui a été révélé par la couleur), au dehors.
Mais alors concrètement, comment faites-vous ? Qui aidez-vous ?
Aujourd’hui, je ne pratique plus de la même façon. Je reçois pour des entretiens. La personne me raconte quelque chose qui ne va pas. Nous nous servons des cartes de couleurs qui s’interrogent de façon intuitive. Elles vont donc raconter quelque chose que la personne vit. Le dire va l’aider à parler de quelque chose qui se passe. Les sujets qui peuvent être abordés sont variés : un état de mal-être, un souci relationnel, un problème de travail, un projet à mettre en place, un besoin d’aimer, un souci de poids… Les cartes répondent à tout cela puisqu’elles racontent ce qui se passe en soi. Le monde des couleurs m’inspire et lorsqu’il s’agit d’aider, je reçois toutes sortes d’idées. J’ai trouvé environ 50 tirages essentiels qui permettent d’éclaircir toutes sortes de cas. Certains sont présentés dans Les Couleurs racontent. Mon favori est le sujet de conversation : ce dont nous parlons facilement, ce dont nous ne trop peu, et ce dont il faudrait éviter de parler pour régler une situation. Une carte par couleurs. Les résultats sont étonnants !
En venant vous voir sur le salon Zen, à Paris, vous m’avez parlé d’un concept nouveau lié aux couleurs et à la maison. Une approche nouvelle, originale et prometteuse ?
Je me suis effectivement rapidement rendu compte qu’à chaque couleur correspondent deux facettes : la version Matière et la version Lumière. La première parle d’une teinte, d’un coloris. La seconde du vécu auquel correspond cette teinte, ce coloris. Rudolph Steiner fut l’un des Occidentaux le plus proche de notre culture à nous parler de l’influence des couleurs sur le comportement, c’est la version Matière d’une couleur. La version Lumière va évoquer une ambiance et une tournure d’esprit. Par exemple la couleur indigo parle d’être centré sur soi, imperturbable. La maison indigo invite à se centrer sur soi. L’idéal serait qu’elle est une pièce centrale autour de laquelle la vie s’articule. On pourrait imaginer un puits de lumière arrosant cette pièce. Il pourrait y avoir une cheminée qui invite à la réflexion. Ce concept de Maison Couleurs s’adresse aux architectes, aux décorateurs, aux fabricants de mobiliers… Il est relativement facile de définir un style d’habitation par couleur en reprenant le sens de chacune.
Avez-vous d’autres exemples pour la maison ?
La maison Sable Lumière ressemble à un lieu de vie où l’on vit sans souci du lendemain, tantôt cool, tantôt pour exprimer sa sensualité. Cela fait penser à un loft ou une maison basse ou la nature et le naturel s’agencent : les formes seront arrondies, de grandes espaces vitrées, du coco au sol, du volume sans porte. Les maisons Vertes sont plus famille. Une grande salle à manger, avec un passe-plat, un salon pour se réunir, des chambres pour loger les proches de passage. La maison Violette se rapproche du sacré, elle sera bâtie sur le nombre d’or, on y verra des vitraux, des meubles fait mains par des artisans compagnons. Ce concept s’applique aussi à l’intérieur, à la décoration. Les meubles « sable » seront incorporés dans les cloisons, ou dans des coffres, les meubles « vert » ressemblent à de gros buffets, classiques. Pour le violet, on tombe dans le style zen.
En habitant une maison ou un espace défini par un choix de Couleurs, on va répondre à un besoin réel : être bien chez soi, mais aussi se sentir soi, chez soi. Cela peut aussi être un lieu pour se guérir d’un complexe ou être tout simplement heureux. Quelqu’un de « famille » sera mieux dans sa maison verte, alors qu’une personne recherchant la vacuité sera mieux dans sa maison « sable ».
Ne pensez-vous pas que chacun sait ce qu’il veut ? Pourquoi faire appel à vous ?
La question est fondamentale. Chacun fonctionne de la même façon. Nous avons tous des désirs et des besoins. Les désirs sont liés à nos émotions, les besoins s’appuient sur notre expérience de la vie. Regardez l’achat impulsif qui répond à un désir n’apporte pas la même satisfaction que l’achat pensé répondant à une expérience. Le tirage couleur intuitif aide à faire la part des choses. Il se fait en deux cartes : le désir, le besoin. Désir et besoin, sont les clefs de tous les décodages maisons, mais aussi vêtement.
Désir = supposition.
Besoin = réalité.
Comment pratiquez-vous cette approche pour un couple?
Pour un couple, on va définir l’intérieur dont chacun a besoin pour qu’il se sente bien dans sa vie et avec l’autre ? Ensuite on fera un agencement d’ambiance et de choix de matériaux, tenant compte des couleurs de chacun. Les couleurs sont toujours choisies de façons intuitives ? C’est le principe de base. On commence par demander à la personne ce qu’elle aimerait puis on lui fait la proposition avec les cartes de couleurs selon un protocole précis, enseigné à l’école. Dans 90% des cas, la solution avec les cartes l’emporte parce qu’elle répond vraiment au besoin des personnes. Le thème couleurs & habitat est l’objet de mon prochain ouvrage écrit Marjorie, architecte d’intérieur.
Et pour le vêtement ?
C’est le même principe. Porter un vêtement dans lequel on se sent bien, aide à aller mieux. Chaque couleur définit un style vestimentaire qui lorsqu’on le porte induit le comportement auquel la couleur se réfère. Vous avez vos critères de choix de vêtement, chaque matin, devant le miroir. Vous allez choisir de porter tel vêtement en fonction de vos rendez-vous. N’est-ce pas ! Vous ne porterez pas les mêmes vêtements pour aller voir votre patron, votre amoureux, vos grands-parents. Parce que vous n’aurez pas envie d’être la même. A chaque couleur correspond une façon d’être. En portant le style de vêtement qui correspond, on obtient un changement immédiat dans le comportement. C’est une autre façon de susciter le changement !
Est-ce vraiment aussi simple ?
Je vous répondrais par une phrase célèbre de Krisnamurti : « Ne croyez pas ce qu’on vous raconte, expérimentez-le ! «
Julie Kramer